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Cette femme, comme la boutique et son site Internet,
sont étonnants : en plein cœur du centre historique
de Bordeaux, Sarah Rochelet, la trentaine, gère
une boutique d’art africain sur 120 m2. On y trouve
des produits assez classiques, fabriqués en nombre,
mais aussi beaucoup de pièces rares : bijoux, statues,
masques, tapis… Des clients se rendent sur place mais
beaucoup commandent sur le site Internet, simple mais
très étudié, riche en informations et efficace. « On
a choisi un système de navigation simple, comme le langage
HTML, car on était tellement nuls en informatique qu’il
nous fallait réaliser quelque chose de simple »,
se rappelle la responsable d’association. Aujourd’hui,
malgré le fait que le paiement en ligne n’est pas possible,
le site réalise plus de 50% du chiffre d’affaires de
l’association et près de 46 000 visiteurs sont venus
en 2004. En moyenne, 5000 personnes naviguent chaque
mois sur le site qui présente 1400 pages avec photos
et textes documentés sur chaque article classé par thématique,
pays et ethnies.
Ce sont les contraintes économiques et géographiques
qui ont poussé la jeune femme, rétive à l’informatique,
dans
cette voie. Installée depuis 2002 dans une rue peu passante,
la boutique souffrait d’un manque de clientèle à cause
des travaux liés au tramway bordelais dans les principales
rues périphériques. « A l’époque, on n’avait rien
d’autre à faire que d’essayer de créer un site, se souvient
la jeune femme. On faisait ça en désespoir de cause
et cela ne nous coûtait rien sauf du temps et ça, on
en avait. » Un particulier, créateur de sites à
titre personnel, lui offre une formation pendant deux
après-midi et lui donne en plus quelques des conseils.
« Au début, je l’appelais tout le temps. Je me
mettais des petites fiches partout autour de mon PC
sur la création de photos, de liens et tout le reste,
soupire la trentenaire. J’ai dû faire toutes les
erreurs possibles jusqu’à perdre 400 pages de photos
d’un coup ! »
Sarah est tenace. En avril 2003, c’est le grand saut :
elle met son site de vente en ligne avec… 15 pages,
puis 150 trois mois plus tard. Ensuite, elle enchaîne
50 pages par semaine. Elle créé toujours 100 pages en
moyenne par mois. Dans sa lancée, elle met en place
une «newsletter » qui compte 450 abonnés. Elle
a même un Livre d’or : « C’est intéressant
car on a des avis sur nos produits, sur le site. Cela
rassure aussi des acquéreurs potentiels, même si on
ne censure aucun message. »
Elle se souvient de ses premiers pas, sans amertume :
« Les 50 premières pages sont les plus dures. Ensuite,
c’est comme un logiciel : au bout d’un moment,
on maîtrise son fonctionnement, on creuse et on trouve
même de nouvelles possibilités. » Sarah se veut
même rassurante : « Pour quelqu’un qui sait
se servir d’un ordinateur et de Word, il peut y arriver.
A une condition quand même : de se faire aider
par un intervenant compétent qui vous prenne sous son
aile. Sinon, vous pouvez acheter un logiciel tout seul
mais vous allez pleurer.»
Le référencement ? Elle va l’apprendre en autodidacte,
en s’inscrivant à des annuaires gratuits, en cherchant,
en ramant : « J’ai mis 6 mois pour bien tout
intégrer ». Aujourd’hui, elle fait partie des sites
spécialisés les mieux référencés, toujours sur la première
page de Google, même avec des mots clés éloignés. « Grâce
à ce référencement, des gens qui habitent Bordeaux nous
découvrent encore via le site. Même les pubs, les
foires et les salons ne nous apportent pas autant de
retombées.»
La clientèle du site est composée d’amateurs d’art
africain, autant d’hommes que de femmes, Français comme
étrangers. « On livre dans le monde entier »,
à Londres comme au musée du Louvre à Paris. D’autres
commandent sur Internet et viennent chercher leur achat
en boutique. Cinq à six expéditions sont réalisées chaque
jour et ce succès étonne toujours l’équipe : « Quand
on s’est lancé, on ne pensait pas que ça allait se développer
autant, assure la gérante. Mais, attention, ce sont
des contraintes : je passe en moyenne deux à trois
heures par jour à mettre à jour le site, à enlever ce
qui a été commandé la veille et à ajouter de nouveaux
produits avec textes et photos. Entre les dizaines de
mails, les réservations, les commandes, l’actualisation
du site et la newsletter, il faut être rigoureux et
réactif. »
Jamais, faire appel à une société spécialisée ne lui
a traversé l’esprit : « Les produits sont
tellement ciblés et les clients sont en demande d’informations
tout le temps. Dans notre cas, précise Sarah, à travers
la qualité de l’info proposée, nous apportons un service.
On ne peut pas demander à une société de connaître 750
ethnies africaines ! Par ailleurs, dans notre
réponse et notre rapidité à réagir, il faut que le client
se sente privilégié car on est dans un domaine d’art
et d’objets uniques.»
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